mercredi 25 février 2009

L'ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON **



Titre original :The Curious Case of Benjamin Button
Sortie : 4 février 2009
De : David Fincher
Avec : Brad Pitt, Cate Blanchett, Julia Ormond, Taraji P. Henson, Tilda Swinton, Elle Fanning...

1918, la Nouvelle-Orléans comme tous les Etats-Unis fêtent la fin de la première guerre mondiale. John Button, lui, ne pense qu'au bonheur de voir sa femme mettre au monde leur premier enfant. Mais répugné quand il découvre que ce dernier a l'aspect d'un vieil homme, il l'abandonne au seuil d'une maison de retraite. La gérante de celle-ci, Queenie, le recueille et entreprend d'élever ce vieux bébé qui rajeunit au lieu de vieillir.

Adaptation d'une courte nouvelle de F. Scott Fitzgerald d'une trentaine de pages, elle-même inspirée d'une célèbre phrase de Mark Twain ("La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et nous approchions graduellement de nos 18 ans"), cette histoire atypique aura mis un certain temps à voir le jour. Non pas en raison d'un désintérêt particulier (car l'idée d'adapter Fitzgerald n'a jamais été abandonnée) mais en raison d'un manque cruel de moyens techniques pour mettre ce récit en images. En effet, filmer l'histoire d'un homme traversant les âges sans devoir prendre plusieurs acteurs ne pouvait se faire sans une technologie de pointe. Le maquillage ne suffisant pas.
David Fincher, un des meilleurs acteurs de sa génération, auteur de thrillers sombres et passionnants retrouve Brad Pitt, son acteur fétiche, pour un troisième film (après Seven et Fight Club). Complètement impliqué, Pitt se donne corps et âme dans la peau de cet être hors du commun. Mais loin d'être au summum de son talent (on le préférera justement dans les deux derniers films précités), il trouve néanmoins dans ce film, peut-être le plus beau rôle de sa carrière. Immédiatement touché par Benjamin Button, le spectateur suit avec attention les aventures ordinaires de cet être extraordinaire.
Peu de défauts sont à concéder. Le scénario est, il faut l'avouer, d'une rare qualité, tirer une telle histoire, aussi riche de rebondissements et de sentiments d'une si courte et froide nouvelle est un exploit. Les effets visuels sont quant à eux, ni plus ni moins époustouflants, voir Brad Pitt rajeunir sous nos yeux, et retrouver le jeune acteur découvert dans Thelma et Louise est simplement incroyable. C'est du jamais vu.
Avec de telles qualités, Benjamin Button avait de quoi tenir du véritable chef d'oeuvre. Mais le film possède certains défauts qui l'empêchent de rentrer dans cette catégorie. Ils ne sont pas si gros, mais ils sont suffisamment importants pour ne pas hisser Button au rang des inoubliables. Souvent comparé à Forrest Gump en ce que ces films nous font partager le quotidien d'un homme incroyable à travers les époques, il est dommage que le nouveau film de Fincher ne tire pas plus profit de ces différentes périodes. On ne fait que les traverser, certes de manière fort jolie, mais sans en exploiter les évènements.
Autre défaut, celui d'une histoire d'amour totalement secondaire. Certains veulent nous faire croire qu'elle constitue le point central du film or si le film traite d'amour, il se concentre essentiellement sur celui que porte le parent à son enfant. Amour parental parfaitement illustrée et incarnée par Queenie (merveilleuse Taraji P. Henson), puis par Benjamin lui-même (plus tard). Le lien qui lie Benjamin à sa bien-aimée Daisy (Cate Blanchett) est peut-être beau car inexplicable, mais leur relation n'en est pas moins difficilement crédible. Le public, victime des apparences a du mal à croire en cet amour. On ne pense pas toujours forcément au fait que son cerveau n'a pas l'âge de son corps.
Plus que la simple histoire d'une déchirante passion, Benjamin Button traite surtout de la vieillesse et de la mort des êtres chers. Tous les spectateurs concernés par ces deux thèmes, ils sont différemment traités tout au long du film. Il l'est de manière ludique dans un première partie, Benjamin découvrant le monde dans un corps de vieil homme mais avec des yeux d'enfant. Son parcours initiatique de la vie à l'envers est vraiment touchant tout en étant divertissant (toute la partie dans la maison de retraite et toute sa phase marine sont à coup sûr, les meilleurs moments du film). La seconde partie, excellente également, atteint, elle, un degré bouleversant de chagrin. Les faces-à-faces de Benjamin jeune et Daisy vieille sont difficilement supportables, quand ceux du vieux Button et de la jeune fille étaient plus frais et innocents.
Au final, Benjamin Button restera un ovni dans la carrière de Fincher et de Pitt, mais c'est un bon film, un très bon film. Les oublis constants dont il a été victime lors de récentes cérémonies peuvent paraître injustes mais c'est qu'il y a dans ce film (contrairement à Slumdog millionaire), une atmosphère d'une tristesse inouïe qui efface toute trace d'espoir.

1 commentaire:

Farah a dit…

Je n'ai jamais vu ce film bien que j'en ai déjà entendu parler. La critique donne très envie en tout cas et l'histoire est intrigante ! Je crois que je vais le télécharger très prochainement ! :)