lundi 28 juin 2010

LES MOISSONS DU CIEL ****

Titre original : Day of heaven
Sortie : 1er juin 1979
Date de reprise : 16 juin 2010
De : Terrence Malick
Avec : Richard Gere, Brooke Adams, Sam Shepard...

1916. Bill et sa petite amie Abby quittent leur Chicago natal pour le Texas afin d'y trouver du travail. Sur place, Abby ne laisse pas de glace un riche fermier gravement malade. Bill la pousse alors dans ses bras y voyant quelques intérêts mais Abby finit par s'éprendre de l'homme...

Avec quatre films au compteur en moins de 40 ans, autant dire que Terrence Malick aime prendre son temps. Vingt ans ont même séparé les sorties respectives des Moissons du ciel (1979) et de La ligne rouge (1999). Le réalisateur est si perfectionniste que son dernier film Tree of life prévu pour le festival de Cannes 2010 ne fut pas prêt à temps. Si son caractère peu prolifique peut vite devenir frustrant, la découverte de ses oeuvres fait la lumière sur son incroyable talent. Impossible alors de ne pas lui pardonner une telle minutie. "Les détails font la perfection et la perfection n'est pas un détail" disait Léonard de Vinci. Malick semble à chacune de ses créations illustrer la maxime du célèbre savant. Des champs s'éperdant à perte de vue, aux scènes plus intimistes, aucune défaut ne vient altérer la splendeur des images. Le directeur de la photographie Nestor Almendros (français habitué des films de Truffaut et oscar de la meilleur photographie en 79) qualifiera même son travail de "beauté romantique incandescente". Une générosité visuelle qui vient définitivement pallier la faiblesse des dialogues. Malick avare de paroles se limite au minimum sur le terrain du bavardage. Multipliant les ellipses, il est de ceux qui préfèrent miser sur l'intelligence du spectateur. Si la technique peut se révéler déroutante, ce mélodrame lyrique aux thèmes universels est rondement mené. La qualité des acteurs aux charmes tout à fait appropriés y joue beaucoup. Des yeux embués de Linda Manz (la petite de soeur de Bill) à l'opposition tant physique que morale de Sam Shepard (le fermier) et de Richard Gere (Bill), toute la trame de ce drame qui nous emmène au coeur de l'Amérique populaire, se lit sur les visages. Et dire que Malick avait pensé à John Travolta pour incarner Bill... La bande originale aide également. Que dire de l'indescriptible Aquarium de Camille Saint-Saens ou de la musique d'Ennio Morricone.
Le réalisateur américain qui a obtenu le prix de la mise en scène à Cannes en 1979 signe un récit aussi sauvage que poétique. La beauté animale de Richard Gere en parfaite harmonie avec ces prospères champs dévastés par sa trop grande ambition illustre à merveille le cinéma de Malick. Un cinéma constamment tiraillé entre enfer et paradis.

Aucun commentaire: